Kraftwerk est un groupe allemand de musique électronique qui a joué un rôle prépondérant dans le développement de cette musique. Ses productions novatrices et expérimentales ont influencé un certain nombre de groupes new wave des années 1980.
La sonorité musicale du groupe se caractérise par la combinaison d'une ligne de basse et d'une rythmique électrique à une harmonique et une mélodie répétitive faite à partir de synthétiseurs, accompagnée de paroles minimalistes chantées ou vocoderisés dans plusieurs langues (allemand, français, espagnol, anglais, russe, japonais, italien, polonais).
Historique
Le groupe Kraftwerk a été fondé en 1970 par Florian Schneider-Esleben et Ralf Hütter.
Le premier joue de la flûte et du violon, le second du piano et de l'orgue. Ils se sont rencontrés pendant leurs études au Conservatoire de Düsseldorf à la fin des années 1960.
Leurs goûts partagés pour la musique expérimentale électronique que la presse qualifiera plus tard de mouvance krautrock scellent définitivement leur amitié.
Après une première expérience au sein du groupe allemand Organisation jugée insatisfaisante, le duo sort les albums Kraftwerk (1971), Kraftwerk 2 (1972) et Ralf und Florian (1973). Sa musique très avant-gardiste rencontre un succès mitigé.
Le groupe recrute ensuite deux nouveaux musiciens aux percussions électroniques, Wolfgang Flür en 1973 et Karl Bartos en 1975 (ce dernier succédant à Klaus Roeder, qui jouait du violon sur l'album Autobahn paru en 1974). Très fortement influencé par les vastes complexes industriels de leur région (la Ruhr), le groupe reproduit dans ses disques l’atmosphère industrielle faite de sons répétitifs et sa vision du monde autour du béton des grandes villes et de la modernité technologique.
En novembre 1974, le premier album de la série Autobahn (autoroute, en allemand) est un succès mondial. Soucieux de tout contrôler, les deux membres fondateurs créent leur propre studio d’enregistrement Kling Klang à Düsseldorf en Allemagne.
Ils sortiront par la suite des titres célèbres comme Radioactivity ou Trans-Europe Express, qui feront de Kraftwerk l'un des plus samplés après James Brown, ainsi que le morceau électronique The Robots en 1978 sur l'album The Man Machine.
En 1982, ils sortent un nouvel album : Computerworld un nouveau succès et une performance remarquée au sein de la communauté de la musique électronique. L'amélioration de la qualité est essentiellement due à une impressionnante amélioration du matériel et de la personnalisation du style de Kraftwerk qui travaille désormais sur une nouvelle langue : le japonais.
Après quelques années de travail, Kraftwerk sort un nouvel album : Electric Café. Cet album qui est sorti en 1986 marque une nouvelle fois un tournant dans la musique électronique. En utilisant cette fois l'espagnol, ils démontrent à nouveau cette envie de diversité dans leur musique.
L’album suivant ne sort qu'en 1991 et n'est qu'une reprise des plus gros tubes de Kraftwerk ; on peut donc dire que c'est une "remasterisation".
Finalement, en 2003, Kraftwerk sort de son studio, Kling Klang, le dernier album composé par leur soins : Tour de France Soundtracks. À nouveau, c'est un succès à la hauteur du groupe.
L'année précédente, le groupe entame une tournée qui s'étendra sur plusieurs années (jusqu'en 2009) et sort un DVD Live : Minimum-Maximum. En sept ans, ils ont joué sur plus de 125 sites dans le monde.
Les années suivantes, ils sont invités à des festivals ainsi qu'à des expositions :
- Munich (Alte Kongresshalle) 2011
- Miami (Ultra Music Festival) 2012
- New York MOMA (Museum Of Modern Art) 2012
- São Paulo (Sonar Festival) 2012
- Tokyo (No Nukes 2012)
- Göteborg (Way Out West) 2012
- Varsovie (Ultra Music Festival) 2012
- Zurich (Openair Festival) 2012
- Düsseldorf (Kunstsammlung Nordrhein-Westfallen) 2013
- Londres (Tate Modern Turbine Hall) 2013
Composition du groupe
La composition du groupe a beaucoup fluctué à ses débuts, entre 1970 et 1974. Florian Schneider et Ralf Hütter ont ainsi travaillé en quatre ans avec une demi-douzaines de musiciens différents, entre l'enregistrement de quatre albums et leurs rares apparitions en concert. Les musiciens les plus notables de cette époque ont été le guitariste Michael Rother et le batteur Klaus Dinger, qui formèrent ensuite le groupe Neu!.
L'apport, l'expérience et l'influence du producteur et ingénieur du son Konrad "Conny" Plank ont aussi été significatifs. Konrad Plank collaborait alors avec plusieurs groupes allemands d'importance tel que Can, Cluster et Harmonia.
Grâce à son travail avec Kraftwerk, son studio de musique près de Cologne est devenu un des studios les plus prisés de la fin des années 1970.
Il a produit les 4 premiers albums de Kraftwerk et a cessé sa collaboration avec le groupe après le succès commercial de l'album Autobahn.
Le peintre et graphiste Emil Schult devint un collaborateur régulier du groupe à partir de 1973. Au début, il joua de la guitare basse et du violon électrique. Par la suite, il fut le concepteur visuel et écrivit quelques-unes de ses paroles, en plus d'accompagner le groupe lors de ses tournées.
Kraftwerk en 1976 à Zürich, avec de gauche à droite : Ralf Hütter, Karl Bartos, Wolfgang Flür et Florian Schneider.
La composition du groupe s'est forgée de manière plus définitive à partir de 1975, pour la tournée de l'album Autobahn. Durant cette période, le groupe se présentait comme un quartet électronique composé des fondateurs Ralf Hütter et Florian Schneider-Esleben, rejoint par les percussionnistes Wolfgang Flür et Karl Bartos.
Wolfgang Flür avait déjà rejoint le groupe en 1973 en tant que batteur, dans le cadre d'une apparition télévisée du groupe pour la promotion du 3e album. Cette première apparition de leur instrument de percussion, une batterie électronique qu'ils avaient eux-mêmes construite et jouée par Flür, a contribué à les faire remarquer. Bartos et Flür ont aussi collaboré à l'écriture de plusieurs des plus mémorables morceaux de Kraftwerk.
Le groupe est connu pour avoir toujours conservé un certain anonymat, apparaissant peu en public. Après des années d'absence de la scène, Kraftwerk a recommencé des tournées plus régulières à partir de 1990. Pendant cette décennie d'absence, le groupe a souvent affirmé qu'il travaillait sur de nouveaux projets, mais ils ne sont jamais arrivés à échéance. Le temps passant entre la sortie des albums, la rareté de leurs concerts, le caractère astreignant et prolongé de leur processus d'enregistrement furent les raisons du départ de Wolfgang Flür et Karl Bartos, lesquels ont beaucoup apporté aux premiers enregistrements du groupe par leurs improvisations.
Suite à ces départs, la composition du groupe a été fluctuante de 1992 à nos jours, mais on compte parmi les nouveaux membres réguliers Fritz Hilpert et Henning Schmitz, qui faisaient déjà partie du personnel du studio Kling Klang.
En avril 2008, le groupe se produit pour une tournée de quatre dates aux États-Unis. Florian Schneider ne participa pas à ces concerts. Aucune raison officielle n'a été divulguée. Il fut remplacé par Stefan Pfaffe, également responsable des effets visuels du groupe. En septembre 2008, le groupe s'est produit également pour 5 dates en Europe, puis pour 4 dates en Australie au mois de novembre.
Le 5 janvier 2009, le site de fans officiel du groupe annonce le départ de Florian Schneider, l'un des deux cofondateurs du groupe.
Musicologie...
Plus connu pour ses albums électroniques, Kraftwerk a cependant débuté comme dans la musique d'improvisation krautrock dans la veine de groupes tels que Can ou Neu!. Ses trois premiers albums étaient donc plus près de la musique d'expérimentation rock de l'époque des années 1970 et n'avaient pas encore l'accroche pop et la structure et la dynamique rythmique que connaîtront leurs albums suivants.
Les albums Kraftwerk et Kraftwerk 2, sortis en 1970 et 1972, de l'exploration musicale, joués avec des instruments traditionnels : la guitare, la basse, l'orgue électrique, la flûte le violon. Des modifications en post-production étaient ensuite faites pour ajouter de la distorsion aux instruments, en particulier par la manipulation des bandes audio et par la multiplication d'un instrument sur une même piste. Les deux albums sont totalement instrumentaux.
Avec l'album Ralf und Florian sorti en 1973, le groupe commence à progresser en direction de son propre style, faisant un usage plus intensif de synthétiseurs et de boîte à rythmes. Même si presque entièrement instrumental, l'album présente les premières marques de l'utilisation de vocoder, qui deviendra par la suite la marque de fabrique du groupe.
Leur percée, à la fois en termes de musique et de popularité, s'est faite en 1974 avec l'album Autobahn et son morceau de 22 minutes éponyme présentant une rythmique appelée par la suite motorik. Ce morceau a été un succès mondial et démontrait bien leur utilisation maintenant massive des synthétiseurs et autres instruments électroniques.
Il a précédé un trio d'album qui aura une énorme influence sur la musique populaire qui suivra : Radio-Activity (1975), Trans-Europe Express (1977) et The Man-Machine (1978).
Après une longue absence, le single Tour de France est sorti en 1983 et signalait un retour en activité du groupe.
Le single Expo 2000 sorti en décembre 1999 a été par la suite remixé par plusieurs musiciens techno tel que Underground Resistance et Orbital. Auparavant, le seul musicien ayant eu le droit de remixer leurs morceaux a été François Kevorkian.
En août 2003, le groupe a sorti l'album Tour de France Soundtracks, leur premier album de nouveaux morceaux depuis l'album Electric Café sorti en 1986.
En juin 2005, le groupe a publié son premier album de morceaux joués en concert, Minimum-Maximum, compilés de leur tournée du printemps 2004. La plupart des morceaux choisis pour cet album avaient été considérablement retravaillés et remodelés à partir de leur version studio originale. Cet album a été nommé en tant que meilleur album dance/électronique au Grammy Award. Il a été sorti accompagné d'un DVD présentant des images vidéo de leur tournée à travers le Monde.
Performances musicales...
Les concerts ont toujours occupé une partie importante dans les activités de Kraftwerk. Même si les spectacles s'articulent autour de morceaux et de compositions préconçues, l'improvisation y joue un rôle important.
Les paroles...
Les paroles de Kraftwerk traitent de la vie urbaine et technologique de l'Europe de l'après-guerre - voyager en automobile dans Autobahn, en train, utiliser des ordinateurs personnels... Ses paroles en apparence simplistes montrent une position à la fois candide et critique face au monde moderne, en même temps qu'elles jouent un rôle important dans la structure rythmique des morceaux. Plusieurs morceaux de Kraftwerk expriment la nature contradictoire de la vie urbaine moderne : une forte sensation d'aliénation et une célébration des joies de la vie moderne (et de ses avancées technologiques).
Kraftwerk était un des premiers groupes pop à enregistrer les sons et les instruments électroniques. La plupart des voix présentes dans leur albums sont retraitées par des vocoders ou générées à partir de logiciel de synthèse vocale.
Tous leurs albums à partir de Radio-activity ont été enregistrés en deux versions, allemande pour le marché allemand et anglaise pour le marché international. Les versions allemandes illustrent la volonté de Kraftwerk d'offrir une alternative au modèle dominant anglophone dans la musique pop et rock :
« Vous voyez, un autre groupe, comme Tangerine Dream, même [s'il est] allemand, [il a] un nom [en] anglais, [ce qui sous-entend] une identité anglo-américaine, ce que nous dénonçons complètement. Nous voulons que le monde entier sache que nous sommes originaires d'Allemagne, parce que la mentalité allemande — qui est plus évoluée — fera toujours partie de notre comportement. Nous créons à partir de la langue allemande, notre langue maternelle, qui est très mécanique ; nous utilisons cela comme base de notre musique. [...] Après la guerre, l'industrie du spectacle en Allemagne était détruite. Le peuple allemand s'est vu dépossédé de sa culture, au profit de la culture américaine. Je pense que nous sommes la première génération née après la guerre à renverser tout ça, à savoir où ressentir la musique américaine et où nous ressentir nous-mêmes. Nous ne pouvons pas nier le fait que nous sommes allemands. »
— Ralf Hütter, Extrait d'une entrevue par Lester Bangs: "Kraftwerkfeature", magazine Creem, septembre 1975.
Kraftwerk a aussi expérimenté avec l'utilisation des images générées par ordinateur comme décor pour leurs clips et apparitions sur scène. Sur ces dernières, il y aurait des parties improvisées. Pour certains de leurs concerts, ils ont créé des robots pour les représenter sur le devant de la scène (sur le morceau The Robots).
Après plusieurs années sans nouveautés, Kraftwerk réapparut à la fin des années 1990 avec Expo 2000, et en août 2003 sortit l'album Tour de France Soundtracks.
Le groupe accorde une grande importance à l'esthétique sonore autant que visuelle, ce qui les met en rupture avec la majorité des groupes de l'époque et leur insuffle beaucoup de modernité.
Dès les années 1970, ils s'avéreront être ce que l'on appelle aujourd'hui des designers sonores et visuels. Ils travaillent au groupe et à leur musique en tant que « concept » en cherchant à maîtriser leurs visuels. Leur démarche tient autant de la démarche de l'art contemporain que des avant-gardes représentées alors par des artistes comme Can, Brian Eno ou David Bowie.
La nouveauté dans leur esthétique sonore se trouve dans leur côté « froid » (coldwave) et « plastique » et dans leur apport dans la musique pop des sons proches de ceux générés par les machines et la technologie industrielle.
Les techniques introduites et l'équipement développé par le groupe sont désormais courants en musique contemporaine. Beaucoup de DJ de la musique techno se réfèrent au groupe comme à une de leurs influences les plus importantes.
DISCOGRAPHIE :
1969 : Organisation : Tone Float
1970 : Kraftwerk
1971 : Kraftwerk 2
1973 : Ralf und Florian
1974 : Autobahn
1975 : Radio-Activity
1977 : Trans-Europe Express
1978 : The Man-Machine
1981 : Computer World
1986 : Electric Café
1991 : The Mix
2003 : Tour de France Soundtracks
2004 : The Catalogue
2005 : Minimum-Maximum
2009 : The Catalogue
Voiir aussi : Site officiel
Organisation - Tone Float (1969)
Kraftwerk (1970)
Kraftwerk 2 (1971)
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