vendredi 22 février 2013

KING CRIMSON


King Crimson est un groupe britannique de rock progressif, fondé en 1969 à Londres par Robert Fripp, Ian McDonald, Greg Lake, Michael Giles et Peter Sinfield. Avec des albums tels que « In the Court of the Crimson King » (1969) ou « Red » (1974), il est considéré comme l'un des plus emblématiques du genre.

La composition du groupe a continuellement changé tout au long de son histoire. Fripp en est le seul membre permanent, mais il a déclaré qu'il ne se considérait pas nécessairement comme son chef. Pour lui, King Crimson est avant tout "une façon de faire les choses", une constance musicale qui a persisté à travers l'histoire du groupe.

Histoire


Première période : 1967-1974

En 1967, les frères Mike (batterie) et Peter Giles (basse), originaires du Dorset, passent une petite annonce : ils cherchent un chanteur organiste.

C'est un guitariste qui ne chante pas, également originaire du Dorset, qui répond à leur annonce : Robert Fripp. Il est engagé malgré cela, et le trio, simplement baptisé « Giles, Giles & Fripp », signe chez Decca et sort un album en 1968. « The Cheerful Insanity of Giles, Giles and Fripp » ne se vend qu'à quelques centaines d'exemplaires, et les singles One in a Million et Thursday Morning ne font pas mieux.

Les trois hommes sont rejoints en juin 1968 par Judy Dyble, ex-chanteuse du groupe Fairport Convention, et son petit ami, le multi-instrumentiste Ian McDonald, qui maîtrise saxophone, clarinettes, flûte, guitare et claviers. Le groupe enregistre de nombreuses démos à son domicile londonien de Brondesbury Road (publiées en 2001 sur l'album « The Brondesbury Tapes »).

Dyble rompt avec McDonald et quitte le groupe peu après, tandis que Peter Giles décide d'arrêter la musique. Robert Fripp fait alors appel à Greg Lake, qu'il a connu à Bornemouth, pour assurer le chant et la basse. Aux quatre musiciens composant désormais le groupe s'ajoute Peter Sinfield, une connaissance de McDonald, qui écrit les textes et s'occupe du light-show. Ce dernier vient d'écrire avec McDonald la chanson "The Court of the Crimson King", qui donne son nom au groupe.


« King Crimson fut conçu dans la cuisine du 93a Brondesbury Road durant la deuxième moitié de novembre 1968 ; et il naquit le 13 janvier 1969 au Fulham Palace Cafe. »
— Robert Fripp

King Crimson débute officiellement sur scène le 9 avril 1969, après trois mois de répétition quotidienne, au Speakeasy Club de Londres. Le groupe fait forte impression et acquiert rapidement une certaine notoriété.

La BBC l'invite à enregistrer pour l'émission Top Gear, le patron du Marquee Club lui offre un concert hebdomadaire et plusieurs musiciens célèbres comme Jimi Hendrix ou Pete Townshend viennent l'écouter.

Le 5 juillet 1969, il joue à Hyde Park devant au moins 250 000 personnes, en compagnie des Rolling Stones et de Family. The Guardian le décrit alors comme « un groupe sensationnel ». Le sociologue Marc Touché se souvient de ce concert comme d'une date très importante.

In the Court of the Crimson King sort entre deux concerts. Il est considéré comme l'un des albums fondateurs du rock progressif, dont King Crimson restera l'une des figures emblématiques, mélange de progressif, musique contemporaine et jazz. La formation s'envole ensuite pour les États-Unis. À la fin de la tournée américaine, McDonald et Giles quittent le groupe suivis peu de temps après par Greg Lake qui rejoint Keith Emerson pour fonder avec Carl Palmer le groupe Emerson, Lake & Palmer.

En 1970, Fripp et Sinfield poursuivent l'aventure en studio avec divers musiciens proches de Keith Tippett.

Fripp avait demandé à ce dernier de rejoindre la formation, mais Tippett décline poliment. Avec l'aide des frères Giles et de Lake, le groupe enregistre « In the Wake of Poseidon », qui adopte une structure et un imaginaire proche de l'album précédent. L'inventivité de Robert Fripp lui fait changer une première fois de cap et l'album suivant, « Lizard », plus mâtiné d'instruments à vent (cor, hautbois, trompette) et à l'ambiance plus sombre, désarçonne une part importante de son public. Cet album reste l'un des plus atypiques et des plus originaux de la formation.

En 1971, un nouveau groupe pour la scène est enfin formé. Outre Fripp et Sinfield, qui utilise le synthétiseur VCS3 pour créer des effets sonores, il est constitué de Boz Burrell (un chanteur à qui Fripp enseigne des rudiments de basse), Mel Collins (flûte, saxophone et claviers) et Ian Wallace (batterie).


Le groupe enregistre « Islands », d'inspiration classique et précieuse, avec une utilisation subtile du mellotron par Robert Fripp. Au cours de la tournée, des tensions apparaissent et Sinfield est encouragé à quitter le groupe. Les autres membres suivent à la fin de la tournée américaine de 1972, laissant Fripp seul à la barre. Un album live intitulé « Earthbound », au son particulièrement médiocre, est tiré de cette tournée.

Fin 1972, Fripp crée un nouveau King Crimson avec John Wetton (basse et chant), David Cross (violon et clavier), Bill Bruford (batterie) et Jamie Muir (percussions). Ce dernier quitte rapidement le groupe, avant l'enregistrement de l'album « Larks' Tongues in Aspic » : même s’il participe à cet enregistrement, il n'apparaît plus en concert avec le groupe. Ce disque, encore marqué par l'empreinte de Fripp en qualité de compositeur, est un virage vers un durcissement de leur musique.


L'antinomie entre "Larks' Tongues in Aspic Part I", au climat hétéroclite et inquiétant qui ouvre le disque, et "Larks' Tongues in Aspic Part II", un morceau ambitieux très progressif de 7 minutes qui le termine restera longtemps l'un des chevaux de bataille du groupe sur scène. Ce dernier est plagié par Pierre Bachelet et Hervé Roy pour la musique du film Emmanuelle.

En 1973 paraît « Starless and Bible Black », enregistré partiellement en concert, notamment au Concertgebouw d'Amsterdam. Cette œuvre étrange est une parenthèse que l'on pourrait qualifier d'expérimentale et bien dans l'air du temps (C’est, pour ma part, un de mes préférés).


L'année suivante, le groupe se sépare de David Cross et le trio Fripp-Wetton-Bruford enregistre « Red », un album sombre et désespéré, avec la participation d'anciens membres du groupe (Ian McDonald et Mel Collins). Suite à cet enregistrement, Fripp décide de mettre un terme à King Crimson, décrétant la fin des groupes dinosaures et se voulant désormais « une petite cellule libre, mobile et intelligente ».

L'année 1975 est marquée par la sortie de l'album live USA, enregistré durant la dernière tournée américaine du quatuor Fripp-Cross-Wetton-Bruford.

Deuxième période : 1981-1984


À la fin des années 1970, Fripp décide de revenir sur la scène musicale. Après diverses collaborations, il forme un groupe nommé Discipline avec Adrian Belew (guitare et chant), Tony Levin (basse) et Bill Bruford. Suite à quelques concerts le groupe change de nom et redevient King Crimson.

Cette version du groupe sort trois albums : « Discipline » (1981), « Beat » (1982) et « Three of a Perfect Pair » (1984). Le plus original reste « Discipline » et les flamboyants chevauchements de guitares entre Fripp et Belew. Dans le titre "Elephant Talk" notamment, Belew fait sonner sa guitare comme le barrissement d'un éléphant. Indiscipline dans le même ton, est un fleuve de lave en fusion et sur l'étonnant Sheltering Sky, Robert Fripp profite de sa GR-300 de Roland pour jouer avec des sons de violons octaviés.


Le morceau-titre de l'album illustre bien ces fameux chevauchements/décalages de guitares soulignés par la rythmique puissante de Bill Bruford ainsi que par les coups de basse de Tony Levin.

L'influence de la musique minimaliste, et plus particulièrement du phasing initié par Riley et Reich dans les années 1960' est particulièrement audible dans "Discipline", véritable chef-d'oeuvre rythmique, mais également dans d'autres titres de l'album éponyme comme "Elephant Talk", "Frame by Frame", et dans une moindre mesure The Sheltering Sky. L'on y retrouve encore des traces comme dans "Three of a Perfect Pair".

Une trilogie d'albums colorés, quelques concerts un peu partout, et King Crimson se remet en veilleuse à la fin de l'année 1984.


Troisième période : Années 1990 et 2000

Au début des années 1990, Fripp crée de nouvelles compositions qui lui semblent appropriées pour une nouvelle version de King Crimson. Des problèmes judiciaires avec son ancienne maison de disques E.G. repoussent à 1994 les premières répétitions du nouveau groupe constitué sur la base d'un "double trio" : Robert Fripp (guitare), Trey Gunn (stick ou "touch guitar") et Pat Mastelotto (batterie et percussions) d'un côté, Adrian Belew (guitare et chant), Tony Levin (basse et stick) et Bill Bruford de l'autre.

En 1994 sort « VROOOM », un mini-CD promotionnel, immédiatement suivi de l'album « THRAK ». Ce disque est à nouveau un virage ample et violent du groupe qui enfouit la production des groupes métal du moment. La production de David Bottrill au cœur du fameux studio Real World de Peter Gabriel y est pour beaucoup.

Deux ans plus tard, après des sessions infructueuses, des sous-groupes nommés « ProjeKct » constitués de 3 à 4 musiciens du double trio sont formés pour faire évoluer une musique abstraite, mi-écrite, mi-improvisée. Bill Bruford quitte rapidement le groupe et il apparaît de plus en plus difficile pour Tony Levin de continuer l'aventure en raison de ses divers engagements, notamment avec Seal et Peter Gabriel.

Le quatuor restant sort en 2000 « The ConstruKction of Light », que suivra le live « Heavy Construkction ». En 2003 sort l’album, « The Power to Believe » dans lequel la formation s'est concentrée sur les effets engendrés par les "racks", ces pédaliers raccordés aux instruments. Les thèmes des chansons rejoignent ceux de « THRAK », teintés d’un certain pessimisme. Suite à la tournée, Trey Gunn décide de quitter le groupe pour se consacrer à un projet multimédia nommé « Quodia ». Il est remplacé par Tony Levin.

En 2005, le groupe entre dans une nouvelle procédure de recherche et de développement. ProjeKct 6 (Adrian Belew à la batterie et Robert Fripp à la guitare) a déjà travaillé en studio et est apparu en concert en 2006, notamment en première partie de Porcupine Tree.

DISCOGRAPHIE

- In the Court of the Crimson King (1969)
- In the Wake of Poseidon (1970)
- Lizard (1970)
- Islands (1971)
- Larks' Tongues in Aspic (1973)
- Starless and Bible Black (1974)
- Red (1974)
- Discipline (1981)
- Beat (1982)
- Three of a Perfect Pair (1984)
- VROOOM (1994)
- THRAK (1995)
- The ConstruKction of Light (2000)
- The Power to Believe (2003)

King Crimson est l'un des groupes de rock progressif les plus influents....
Bon alors, selon moi plusieurs albums de King Crimson peuvent être considérés comme étant de véritable chefs-d'oeuvre... L'album "In the Court of the Crimson King" est légendaire, et fait nécessairement passer le groupe à l'histoire... Mais "In the Wake of Poseidon" est peut encore plus un chef-d.oeuvre d'inventivités et de virtuosité (Robert Fripp s'y impose déjà comme étant l'un des plus inusité guitariste de tous les temps!). Enfin, ici nous je vous propose d'écouter les 4 premiers albums de King Crimson et c'est déjà tout un programme ! Les Spectres Sonores vont évidemment consacrer bien d'autres articles à ce groupe  mythique incontournable.

ÉCHANTILLONS SONORES
cliquez sur les images des pochettes pour accéder aux échantillons sonores

"In the Court of the Crimson King" (1969)
(album complet)

"In the Wake of Poseidon" (1970)
(album complet)


"Lizard" (1970)
(album complet)

"Islands" (1971)
(album complet)

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