samedi 8 juin 2013

NINI RAVIOLETTE


Nini Raviolette a été un véritable "phénomène" de la scène musicale "new wave", voire de l’"electro-punk".

À une époque où le moindre rogaton post-punk 80’s est automatiquement élevé au rang de culte ou pire, digéré dans le grand estomac du sampling mondial, redécouvrir la discrète figure de Nini Raviolette est une caresse.

Rendons grâce ici à Marc Collin, pourtant coupable avec Nouvelle Vague d’une dévitalisation bobo du même post-punk, d’avoir attiré notre attention sur « Suis-je normale? », morceau figurant sur l’indispensable compilation "So Young But So Cold-Underground French Music 1977- 1983", (label Tigersushi). Au milieu de morceaux arty et synthétiques à la Kas Product surgit ce petit air de rien du tout, très fragile, aux claviers enfantins et aux refrains naïfs, touchants ("Suis-je normale d’avoir peur?" ou "L’amour transfigure beaucoup mieux qu’une piqûre"), qui font tout de suite songer à l'univers du Rohmer des "Nuits de la pleine Lune", et donc à Pascale Ogier.

Après avoir été au centre de la "nouvelle vague", Nini Raviolette fait enfin paraître son seul et unique EP en 1980.


Nini Raviolette marque le début de la punk-new wave en France. Mais encore... Les vidéos de Nini Raviolette ont été très marquantes à leur époque ! C’était le début des "clips" et le style de Nini, d’une grande originalité, est unique. On y trouve une apparentée avec les Devo, Klaus Nomi et autre pionniers de la New Wave, et ici Nini Raviolette est la plus parfaite ambassadrice de ce genre...


De plus les enregistrements très "lo-fi", minimaliste de Nini Raviolette inspireront tout autant la musique industrielle...

Nini, connaîtra un certain succès, du public de la scène underground certes, mais pas uniquement : elle connut les joies du rock business, plateaux télé, concerts, vidéoclips, et fut même repérée par "Celluloïd", le label d’Alan Vega, Métal Urbain, James Chance, Lydia Lunch... Et ensuite... Quelques singles...Et ensuite... Nini disparaît!  Où es-tu Nini?


En 1981 Nini Raviolette rejoint "La Fondation"...

Premier coup d’éclat de ce collectif parisien (dix-huit membres au compteur, tous apprentis graphistes, illustrateurs, musiciens, journalistes, vidéastes), en forme de manifeste : début 1981 sortait "18/81 – 81/18", cassette de 18 morceaux d’une minute sous-titrée "18 leçons de rock’n’roll urbain" et vendue dans un sachet transparent accompagnée d’un puzzle (et d’un badge, évidemment).

Au programme, "dix-huit exercices de détournements sonores érudits et zouaves", qui ont autant à voir avec les "Nuits Magnétiques" qu’avec l’esthétique "new-wave".

On retrouve ainsi Nini dans un sautillant instrumental synthé-pop rectangulaire, le trio C. Naturel/J. J. Ortlieb/Alex Reparok qui nous emmène dans les étranges rives du collage PMO, ou l’exotique "Holidays In Espana", de Theresa/Merlin/L’d Track.

Vendue une trentaine de francs, cette cassette connut un petit succès critique, dont une chronique dans le "Rock&Folk", c'était la belle époque !

On ne sait pas grand chose des membres de "La Fondation", qui se délectaient de noms d’emprunts et de photos trafiquées.

Sous le doux nom de "C’Naturel", le parolier de Nini, se cachait par exemple Alain Burosse, activiste touche-à-tout, artiste, réalisateur et/ou producteur d’émissions radio et télévision qui allaient marquer une génération entière par leur créativité et leur liberté de ton (aujourd’hui révolues) : l’Oeil du Cyclone diffusé sur Canal + et réalisé entre autres par Jérôme Lefdup, lui aussi membre de la Fondation avec son frère Denis.

Sous le nom de "La Fondation" on compte quelques autres projets, dont un morceau, "Paris Marseille", qui fut composé collectivement suite à des échanges postaux de bandes magnétiques, préfigurant les processus contemporains de composition musicale...

L’un des projets les plus marquants de "La Fondation" reste la réalisation en 1983 de jingles destinés aux radios encore "libres", à l’occasion de la première tournée européenne des "the Residents". Il faut absolument redécouvrir ces productions spontanées, témoignage d’une époque un peu foldingue, une sorte de növo Movida parisienne à la fois joyeuse et érudite.

Nini Raviolette a eut une carrière brève... modeste... Nini fut comme une petite comète, et elle a laissée des traces indélébiles...

ÉCHANTILLONS SONORES
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"Indicateur Dragueur"

Nini Raviolette - Suis-Je Normale?

Nini Raviolette & Sten Colt
"Cat Sisters"

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