Olivier Eugène Charles Prosper Messiaen, né le 10 décembre 1908 à Avignon et mort le 27 avril 1992 à Clichy-la-Garenne, est un compositeur, organiste, pianiste, ornithologue et pédagogue français.
Son œuvre trouve ses sources dans une profonde ferveur catholique, un goût prononcé pour le plain-chant médiéval, les rythmes hindous ainsi que grecs.
L'Ascension (1933), le Quatuor pour la fin du Temps (1940), les Vingt regards sur l'Enfant-Jésus (1944), la Turangalîla-Symphonie (1946-48), Saint François d'Assise et la Messe de la Pentecôte, entre autres œuvres majeures, ont contribué à faire d'Olivier Messiaen l'un des compositeurs les plus influents de la Musique contemporaine de la seconde moitié du xxe siècle.
Son enseignement au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris a également contribué à sa notoriété internationale, tant la liste de ses élèves est longue et prestigieuse.
2008, année du centenaire de sa naissance, fut « l'année Messiaen », célébrée dans le monde entier : 600 concerts (dont 175 en France) ont été donnés dans 27 pays et 147 villes.
BIOGRAPHIE
Jeunesse et formation
Olivier Eugène Prosper Charles Messiaen est né à Avignon, le 10 décembre 1908, premier enfant de Pierre Messiaen (1883-1957), professeur d'anglais et intellectuel catholique, et de la poétesse Cécile Sauvage (1883-1927). Un second enfant naît de cette union, Alain (1913-1990), qui deviendra poète, à l'instar de sa mère.
Olivier Messiaen est profondément influencé par les poèmes de sa mère, notamment un recueil intitulé L'Âme en bourgeon ainsi que par les œuvres de William Shakespeare, que traduit son père et dont les histoires fantastiques, merveilleuses et sombres le fascinent. Il dira même que, des pièces du grand dramaturge anglais, « J'aimais plus que toute autre Macbeth (pour les sorcières et le spectre de Banquo), aussi bien que Puck et Ariel. »
Avec l’arrivée de la première Guerre mondiale en 1914, son père est engagé comme soldat, et sa mère emmène les deux jeunes garçons à Grenoble pour vivre avec leur oncle. Le jeune Olivier Messiaen met en scène Shakespeare devant son petit frère, dans des décors faits maison à partir de cellophane peinte à l’aquarelle et collée sur des vitres. À cette époque, il acquiert une foi catholique qui ne le quittera plus. Il composera la plupart de sa musique dans cette région de Grenoble, le Dauphiné.
Il débute ses leçons de piano, après avoir commencé l'apprentissage de l'instrument en autodidacte. Il est d’abord intéressé par les compositeurs français récents comme Claude Debussy et Maurice Ravel, dont il découvre très vite les Estampes et Gaspard de la nuit. Il demande comme cadeau de Noël des partitions d’opéras de Mozart, Gluck, Berlioz et Wagner. C'est à cette époque qu’il commence à composer.
En 1918, son père revient de la guerre, et la famille déménage pour Nantes. Le jeune Olivier, âgé de dix ans, continue néanmoins à suivre des cours de musique. Son professeur d’harmonie, Jean de Gibon, lui fournit la partition de l’opéra Pelléas et Mélisande de Debussy, qui est pour Messiaen une révélation parmi les plus décisives.
L’année suivante, son père obtient un poste d’enseignant au lycée Charlemagne à Paris, et la famille déménage à nouveau.
C’est ainsi qu’Olivier Messiaen entre à l’âge de onze ans au Conservatoire de Paris en 1919 pour étudier le piano et les percussions. Il a notamment comme professeurs Maurice Emmanuel et Marcel Dupré pour l’improvisation et l’orgue, Paul Dukas pour la composition et l’orchestration.
Il effectue de brillantes études au Conservatoire. En 1924, à l’âge de 15 ans, il obtient un second prix d'harmonie ; en 1926, la même année que Jean Rivier, il obtient un premier prix de fugue et contrepoint ; puis en 1927, celui d'accompagnement au piano.
En 1928, après avoir suivi les cours de Maurice Emmanuel, il est lauréat d'un premier prix en histoire de la musique. Maurice Emmanuel lui inculque l'intérêt pour les rythmes grecs anciens, et les modes exotiques. Dans cette prestigieuse institution, il étudie en outre l’orgue avec Marcel Dupré, qui lui transmet l’héritage de la tradition des grands organistes français (Dupré ayant étudié avec Alexandre Guilmant et Louis Vierne, ce dernier étant l'un des derniers élèves de César Franck). Messiaen décroche un premier prix en orgue et improvisation à l’orgue en 1929. Après un an de cours de composition avec Charles-Marie Widor, il suit l'enseignement à l’automne 1927 de Paul Dukas nouvellement chargé de la classe de composition, avec qui il apprend notamment la maîtrise de l’orchestration. Les études de Messiaen au Conservatoire trouvent leur couronnement avec son obtention, en 1930, du premier prix en composition.
Maturité et célébrité
Messiaen en fut l’organiste titulaire de l’Église de la sainte Trinité à Paris durant 61 ans.
Il devient organiste à l’église de la Trinité à Paris à l’âge de 22 ans (succédant à Charles Quef) et compose de très nombreuses œuvres pour cet instrument sur lequel il improvise pour expérimenter ses idées musicales de composition. Messiaen se passionne également pour le plain-chant, les rythmes de l'Inde, les chants des oiseaux dont il entreprend la notation et le classement méthodique, l'interaction entre valeurs chromatiques et valeurs sonores.
Dès 1928, à l'age de 20 ans, il fit plusieurs séjours dans la maison de ses tantes paternelles, Marthe et Agnès Messiaen, à Fuligny dans le département de l'Aube. C'est là, qu'il y composa 7 de ses premières œuvres au piano. Il écoutait les chants d’oiseaux des bois de Fuligny, qu'il mémorisait et transcrivait dans sa musique. Passionné par les oiseaux, qui ont inspiré toute sa vie et un grand nombre de ses compositions ; il fut aussi ornithologue.
Il se marie une première fois en 1932 avec Claire Delbos, une violoniste, dont il aura un fils. Elle terminera ses jours dans un hôpital psychiatrique. De 1936 à 1939 il enseigne à l'École normale de musique de Paris et à la Schola Cantorum et à la même époque participe à la fondation du groupe Jeune France avec André Jolivet.
Au début de la Seconde Guerre mondiale Messiaen est mobilisé comme simple soldat et en 1940, il est prisonnier en Allemagne (Stalag VIII-A à Görlitz). Il compose durant sa réclusion son Quatuor pour la fin du Temps.
La première est donnée dans le camp le15 janvier 1941 par un groupe de musiciens prisonniers, la partie du piano étant jouée par le compositeur. Libéré en mars 1941, il retourne enseigner à Paris où il devient professeur d'harmonie au Conservatoire en 1942.
Il y rencontre une jeune élève, Yvonne Loriod, qui devient la première et la principale interprète de ses œuvres pour piano. Après le décès de sa première épouse en 1959, il épouse Yvonne Loriod en 1961. Au Conservatoire de Paris, devant l'hostilité d'un corps enseignant passéiste, Messiaen est d'abord professeur de philosophie de la musique, puis, avec l'évolution des années, sa classe d'analyse musicale de renommée mondiale devient officiellement classe de composition en 1966.
Messiaen voyage, se produit comme pianiste avec Yvonne Loriod, et enseigne dans divers pays : Argentine, Bulgarie, Canada, États-Unis, Finlande, Hongrie, Italie, Japon.
Il compte parmi ses élèves Pierre Boulez, Pierre Henry, Marius Constant, Antoine Duhamel, Gilbert Amy, François-Bernard Mâche, Paul Mefano, Karlheinz Stockhausen, Iannis Xenakis, Michaël Levinas, Tristan Murail, Adrienne Clostre, Gérard Grisey, Kent Nagano, George Benjamin, Alain Louvier, Alain Abbott, Erzsébet Szőnyi, Alain Mabit, Jean-Pierre Leguay, Betsy Jolas, Serge Garant, Gilles Tremblay, Michel Fano, Claude Vivier, Michèle Reverdy, etc...
Il meurt le 27 avril 1992 à l'Hôpital Beaujon de Clichy-la-Garenne. Il est enterré au cimetière de Saint-Theoffrey, à 35 km de Grenoble, près de Laffrey et de Vizille (Isère), village dans lequel il possédait une propriété. Sa stèle en forme d'oiseau est facilement reconnaissable.
Le festival Messiaen au pays de la Meije est créé en 1977 et se déroule en juillet dans le village de montagne de La Grave, près de la Meije, qu'il affectionnait. Le 1er octobre 1981, une salle de musique portant son nom a été inaugurée dans l'ancienne chapelle du Couvent des Minimes de Grenoble.
Langage musical
Le langage musical d'Olivier Messiaen ne peut vraiment être rattaché à une école particulière — même si Messiaen a fait partie du groupe « Jeune France » avec André Jolivet, Jean Yves Daniel-Lesur et Yves Baudrier.
Parmi les éléments caractéristiques de son langage, on trouve :
la couleur : Messiaen disait être, intellectuellement, et non véritablement, synesthète.
les chants d’oiseaux qu'il enregistrait et transcrivait lui-même, en faisant des recueils complets (Catalogue d'oiseaux pour piano) mais aussi en y faisant référence dans ses autres œuvres ;
les rythmes, dont les rythmes hindous, en particulier les « Deçî-Tâlas », rythmes provinciaux de l'Inde antique, auxquels il fait subir des transformations qui rappellent celles que les contrapuntistes appliquent aux hauteurs : augmentation, rétrogradation, miroir...
les modes à transposition limitée, gammes de notes dont la composition n’est pas changée par une transposition à la tierce mineure (3 transpositions) ou à la tierce majeure (4 transpositions) ou à la quarte augmentée (6 transpositions), alors qu’une gamme habituelle possède douze transpositions possibles toutes différentes ;
l'inspiration chrétienne d'un très grand nombre de ses œuvres, selon lui sa source d'inspiration la plus essentielle.
la métrique grecque, le plain-chant.
« La musique est un perpétuel dialogue entre l'espace et le temps, entre le son et la couleur, dialogue qui aboutit à une unification : le temps est un espace, le son est une couleur, l'espace est un complexe de temps superposés, les complexes de sons existent simultanément comme complexes de couleurs. Le musicien qui pense, voit, entend, parle au moyen de ces notions fondamentales, peut dans une certaine mesure s'approcher de l'au-delà. » (Olivier Messiaen)
ŒUVRES DE MESSIAEN
- La Dame de Shalott, pour piano [Grenoble, 1917]
- Deux ballades de Villon, pour voix et piano [Paris, 1921]
- La Tristesse d'un grand ciel blanc, pour piano [Paris, 1925]
- Esquisse modale, pour orgue [Paris, 1927]
- Fugue en ré mineur, pour orchestre [Paris, 1928]
- Le Banquet eucharistique, pour orchestre (Fuligny, Aube, 1928)
- Variations écossaises, pour orgue [Paris, 1928]
- Le Banquet céleste, pour orgue (Fuligny, Aube été 1928)
- L'Hôte aimable des âmes, pour orgue (Fuligny, Aube, 1928)
- Prélude, pour orgue [1928 - découvert en 1997]
- Huit préludes, pour piano (Fuligny, Aube, 1928-1929 > 1er mars 1930]
- Diptyque - Essai sur la vie terrestre et l'Éternité bienheureuse, pour orgue [Paris, 1930]
- Trois mélodies, pour voix de soprano et piano [Paris, 1930]
- Offrande au Saint-Sacrement, pour orgue [1930]
- La Mort du nombre, pour soprano, ténor et violon et piano [Paris, 1929-30]
- Simple chant d'une âme, pour orchestre [Paris, 1930]
- Les Offrandes oubliées, méditation symphonique (Fuligny, Aube, 1930 > 19 février 1931)
- Les Offrandes oubliées, réduction pour piano (Fuligny, Aube, 1930)
- Le Tombeau resplendissant, pour orchestre (Fuligny, Aube, 1931)
- Apparition de l'église éternelle, pour orgue [Paris, 1932]
- Hymne (Hymne au Saint Sacrement), pour orchestre [Paris, 1932 > 13 mars 1933]
- Thème et variations, pour violon et piano [Paris, 1932]
- Fantaisie burlesque, pour piano [Paris, 1932]
- L'Ascension, pour orchestre [1932-34]
- L'Ascension, pour orgue [Neussargues, été 1933 puis Paris, 1934]
- Messe, pour 8 sopranos et 4 violons [Neussargues, Cantal, 1933]
- Fantaisie, pour violon et piano [Paris, 1933]
- La Nativité du Seigneur, pour orgue [1935-36]
- Vocalise, pour voix de soprano et piano [Paris, 1935]
- Pièce pour le tombeau de Paul Dukas, pour piano [Grenoble, 1935]
- Poèmes pour Mi - 1er & 2e Livre, pour voix de soprano et piano [Petichet, Isère, 1936]
- Poèmes pour Mi - 1er & 2e Livre, pour grand soprano dramatique et orchestre [1936 > Paris, 4 juin 1937]
- Fête des belles eaux, pour six Ondes Martenot [Paris, 1937]
- O sacrum convivium !, pour chœur à 4 voix mixtes a cappella ou soprano et orgue [Paris, 1937]
- Chants de Terre et de Ciel, pour voix de soprano et piano [Petichet, Isère, 1938]
- Deux monodies en quarts de ton, pour Ondes Martenot seule [Paris, 1938]
- Les Corps glorieux, pour orgue [Petichet, Isère, 1939 > avril 1945]
- Quatuor pour la fin du Temps, pour violon, clarinette en si♭, violoncelle et piano [Görlitz, Silésie, 1940 /1941 > 15 janvier 1941]
- Chœurs pour une Jeanne d'Arc, pour grand chœur et petit chœur mixte a cappella [Neussargues, Cantal, 1941]
- Te Deum
- Impropères
- Musique de scène pour un Œdipe, pour ondes Martenot seules [Paris, 1942]
- Rondeau, pour piano [Paris, 1943]
- Visions de l'Amen, pour deux pianos [1943]
- Trois petites liturgies de la présence divine, pour chœur de voix de femmes, piano, ondes Martenot et orchestre [1943-45]
- Vingt regards sur l'Enfant-Jésus, suite pour piano [1944-45]
- Chant des déportés, pour chœur mixte et grand orchestre [1945]
- Harawi, chant d'amour et de mort, pour soprano et piano (1945-46)
- Turangalîla-Symphonie, pour piano solo, ondes Martenot et grand orchestre [1946]
- Messe de la Pentecôte, pour orgue [Paris, improvisée de 1948 /1950]
- Cinq rechants, pour 12 voix mixtes a cappella : 3 sopranos 3 altos 3 ténors 3 basses [1948]
- Cantéyodjayâ, pour piano [1948 > Paris, 23 février 1954]
- Quatre études de rythme, pour piano [1949 > Création : 6 novembre 1950, Tunis]
- Livre d'orgue, pour orgue [1951]
- Le Merle noir, pour flûte et piano [1952]
- Réveil des oiseaux, pour piano solo et grand orchestre [X > 11 octobre 1953]
- Minuit
- 4h du matin, L'aube, Réveil des oiseaux
- Chant de la matinée
- Oiseaux exotiques, pour piano solo et petit orchestre [octobre 1955-56]
- Catalogue d'oiseaux, pour piano [octobre 1956-59]
- Chronochromie, pour grand orchestre [1959-60]
- Verset pour la fête de la dédicace, pour orgue [1960]
- Sept haïkaï, esquisses japonaises pour piano solo et petit orchestre [1962 > 30 octobre 1963]
- Monodie, pour orgue [1963]
- Couleurs de la Cité céleste, pour piano et ensemble à vent et percussions [1963 > 17 octobre 1964]
- Prélude, pour piano [Paris, 1964]
- Et exspecto resurrectionem mortuorum, pour orchestre (bois, cuivres et percussions métalliques) [1964]
- La Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour chœur mixte, 7 solistes et orchestre [1965]
- Méditations sur le Mystère de la Sainte Trinité, pour orgue [1965 /1969 > 29 mars 1972]
- La Fauvette des jardins, pour piano [Grand Serre, 1970 > 7 novembre 1972]
- Le Tombeau de Jean-Pierre Guézec, pour cor (1971)
- Des canyons aux étoiles..., pour piano et orchestre [1971-74]
- Saint François d'Assise [1975-83]
- Le Livre du Saint-Sacrement, pour orgue [1984]
- Petites esquisses d'oiseaux, pour piano [1985-87]
- Chant dans le style de Mozart, pour clarinette et piano [1986]
- Un vitrail et des oiseaux, pour piano et orchestre à vent et percussions [1986-88]
- Éclairs sur l'Au-Delà..., pour grand orchestre [1987-92]
- Un sourire, pour grand orchestre [1989]
- La Ville d'en haut, pour piano et orchestre [1989]
- Concert à quatre (œuvre inachevée - terminée par Yvonne Loriod) [1990,91]
- Pièce pour piano et quatuor à cordes [1991]
- Quatre inédits, pour ondes Martenot et piano []
Pour vous introduire à l'oeuvre d'Olivier Messiaen nous vous proposons d'écouter deux de ses oeuvres parmi les plus marquantes (et il y en a plusieurs)...
D'abord, "Fête des Belles Eaux", pour sextet et ondes martenots, sans aucun doute une oeuvre d'une éloquence et d'une finesse incomparable! Les Ondes Martenots y sont utiliser avec beaucoup de sagesse, de justesse et de sensibilité...
Ensuite, nous vous proposons d'explorer l'univers "ornithologique de Messiaen, avec sa pièce "Merle Noir", pour flûte et piano, inspiré du chant de cet oiseau...
Enfin, incontestablement l'oeuvre de Messiaen est une des plus riche, des plus significative et incontournable du XXème siècle! Et, en grande partie, elle reste encore à être découverte...
Fête des Belles Eaux (1937)
Le Merle Noir (1952)
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